chronique du disque "DIES IRAE" par Philippe Carles dans le Jazz Magazine d'octobre

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le Nouvel Observateur, mars 2007 : "The Gernika Suite"

L'or du silence :
Ce CD est publié par un précieux petit label bordelais, Amor fati. Beau nom, bel objet. Soit un carré cartonné doré, griffé de drippings rouges à la Pollock. Une étiquette annonce : "The Gernika Suite", et, microscopiques, les noms de Ronnie Lynn Patterson, pianiste, et Didier Lasserre, percussionniste. Leur musique, une des plus belles qu'il nous ait été donné d'entendre ces temps-ci, rendra perplexes les arpenteurs de prés carrés, mais devrait bouleverser les passeurs de frontières et les collectionneurs de nuages. On dirait une rencontre entre Morton Feldman, immense compositeur "minimaliste" disparu en 1987, et Max Roach, batteur de génie. Rien que ça.
Feldman est une des passions "classiques" de Ronnie Lynn Patterson, Noir américain de 49 ans, admirateur de Keith Jarrett et de McCoy Tyner, qui fit ses débuts de pianiste professionnel aux côtés de "pointures" comme David "Fathead" Newman et Clifford Jordan. Depuis 1992, il vit à Paris, où il a d'abord joué avec Aldo Romano et Sylvain Beuf, avant de rencontrer sa femme, une flûtiste classique qui lui a ouvert les mondes de la musique contemporaine. Son premier disque ? Une admirable version de "Palais de Mari" (2001), une oeuvre majeure de Feldman. Deux ans plus tard, c'était "Mississippi", son premier disque en trio jazz et deuxième miracle. Depuis, Ronnie Lynn Patterson s'est pris de passion pour le peuple et la culture basques au point d'apprendre l'euskara.  
"The Gernika Suite", écrite en hommage à la ville martyrisée par les nazis, synthétise admirablement ces deux univers, qui ont en commun une formidable capacité à accueillir le silence. Tout un art. Oublier son ego, le désir de briller - parfois sur le dos de la musique -, rares sont ceux qui y parviennent. Ronnie Lynn Patterson, lui, n'a pas peur de ce "vide". Il sait que là est la source de toute musique digne de ce nom.

Bernard Loupias, le nouvel Observateur, n°2209, du 8 au 14 mars 2007.

 

La NRF (Nouvelle Revue Française), octobre 2004 :

à propos du concert donné le 19 juin 2004 au château Croix-Beauséjour, Montagne Saint-Emilion
Physiologies du son d'un corps tout entier musical, carnaval de lallations, borborygmes mouillés, babils, inspirations savamment jappées, glossolalies. Tout travaille : nez, mains, dents, oesophage, larynx, lèvres, joues, poignets, avant-bras, épaules, poumons profonds, diaphragme. Libération progressive, par approches risquées, de la musculature du son, son âme, culminant en accords incroyables des quatre sources autonomes, enlacées, tressées, s'appelant, attirant, relançant, épaulant, reprenant pour porter plus loin, ailleurs, au-delà, ce que chacune aura donné, dans les aigus comme dans les graves. L'énergie pure, impure, comme de groins, de hures, mufles ou pépiements, volettements, un battement d'ailes des nerfs, du vent, plumes et branches : des oiseaux ; bruits de cave, de guerre, lamentations dantesques, aigus animaux rares : une basse-cour sur-vivante ; le cri roulé, enroulé, déroulé, tiré vers le dedans, la mélodie profonde : toutes les possibilités athlétiques de la voix en situation mortelle (les mimiques des trois instrumentistes donnant corps présent au son le colorent d'intensités nerveuses très sensibles) : Bondonneau, l'Inca, et sa conque, clarinette devenue racloir, silex, semant ses éclats durs ; Lazro, hippocampe-saxo-cardiaque très profond, très médité, très mûr ; Lasserre : batterie liquide sur-sensible, épousant le son avec les mouvements d'une étoile de mer, corps-oreille tendu vers ses plateaux. Une exploration côuteuse des ressources charnelles, de la physique des instruments, des souffles, des corps entiers - depuis les dernières entrailles jusqu'aux muscles du cou, des épaules, aux carotides gonflées, saillantes. Joie supérieure soudain comme de chants de haute montagne, de pic à pics au-dessus des vallées, haut, dix échos gradués, modulés, tenus. La force fait retour depuis les pieds, les genoux, la suspension musculaire des mollets, des cuisses. - Une leçon. Le gros corps, la danse de l'ours, le bébé, la mère, les voix du deuil, la déploration ; Achiary, un lanceur de marteaux de la voix, du cri, la dé-psychiatrisation active du corps civil. Jeux de mains. On dirait qu'il nourrit des palombes. Elles remercient, les yeux fermés, les yeux au ciel, les yeux au fond. Une leçon de chant. Quatre leçons : quatre corps-oreilles entiers, en proie à des écoutes endocrines. Le corps en déséquilibre réglant le débit du souffle, rendant l'inconnu réel à son étrangeté, au-delà de toute pantomime, comme toutes les voix de la douleur, toute les voix de la joie bête à leur inquiétante familiarité : choeurs de femmes, d'animaux, mâles lourds, champions de villages, appelants et sorciers, guetteurs donnant l'alerte de col en col, matérialisations de murmures, extinctions, explorations désintéressées, formalité très marquée, mais sans formalisme ; forme, pensée, passion inséparablement nouées, d'un coup. - Voix très douces, maintenant, poignantes, d'une douceur confondante, embrassée à pleines lèvres, du profond de la tendresse, de la détresse, de l'attente, cantiques priés, psalmodies, loin de toute comédie, de toute feinte, à la limite inférieure de l'audible. Le baiser donné à l'avant-bras, non-mimé mais mangé - succions, déglutitions, régurgitations d'oiseau. Quatre pottioks, debout, mangent dans ton oreille : un cheval basque chante. Jean-Paul Michel

 

JAZZ MAGAZINE

Jazz Magazine n°559 Le combat continue pour Didier Lasserre. Pour le jazz vif, pour l'autogestion. Travail (exemplaire à plus d'un titre) en réseau hors des sentiers battus. Son micro-label Amor fati tient bon le cap (cf. jazzmag n°549) Forme et fond. Quatrième opus, toujours en tirage limité et numéroté (500 exemplaires), avec une (vraie) peinture originale de jean rougier sur chaque pochette (en carton kraft) : un superbe duo tambours-voix. Le chant “brut” d'Achiary enveloppé, stimulé, relancé, provoqué par une approche à la Milford Graves. Symbiose parfaite voix-percussions. Musiques telluriques. Beñat, basque universel, scande avec tendresse et violence à la fois des poèmes de Li Po, Wang Wei, Tu Mu et Chiao Tao (Chine, 6ème et 7ème siècles) : hymnes aux grands espaces. Brutalité “primitive” et extrème sophistication cohabitent sans heurt. Explosion-éruptions, alternances d'envolées et de descentes aux violences de “montagnes russes”. Symphonie débridée, formidable chant choral, d'une clameur irrépressible. Réitérations obstinées au pouvoir quasi hypnogène participant parfois de progressions si lentes que la musique a l'air presque immobile, suivies des fulgurences les plus vertigineuses. Achiary-Lasserre, penseurs singuliers de la matière sonore. A découvrir. Pierre-Henri Ardonceau

Jazz-Magazine n°549, juin 2004 FUTURS COLLECTORS Fondée en 2003 par Matthieu Immer et Didier Lasserre, Amor Fati est une maison d'édition qui regroupe des artistes du sud-ouest de la France (de Bordeaux au Pays-Basque). En présentant chaque disque comme une oeuvre d'art unique et numéroté, avec une pochette signée de la main d'un artiste peintre, Amor Fati marque bien son envie de faire "différent", de ne pas ressembler aux autres et de faire d'un disque autres choses qu'un bout de plastique parmi tant d'autres. Ce duo batterie/voix regroupant Didier Lasserre et le chanteur poète basque Beñat Achiary fait partie des quatre productions parues depuis la naissance du label. Vocaliste hors normes Achiary se montre plus que surprenant en alliant modernité et tradition, improvisation et composition. L'univers de ce duo unique mêle avec un naturel presque déconcertant des influences qu'on devine venir des quatre coins du globe. Chine, Japon, Afrique, Océanie, Amazonie.......et d'Euskadi bien sur ! Pour tout savoir sur Amor Fati et ses artistes : www.amorfati.com.fr Pierre-Henri Ardonceau

Jazz-Magazine n°549, juin 2004 Didier Lasserre, musicien bordelais, a crée Amor fati en 2003, label sur lequel ont déjà été produits trois cd aussi originaux dans leur contenu que dans leur présentation. D'autres sont sur le feu. Tirages limités (500 exemplaires, numérotés) avec une peinture originale de Jean Rougier sur chaque pochette, graphisme non moins original (tampons...), matière des pochettes inhabituelle (carton kraft) : chaque cd est en soi un bel objet. Mais les musiques gravées elles aussi sortent, à plus d'un titre, des chemins balisés de la doxa phonographique jazziste de ce début si conformiste du XXIème siècle. Le son ddes enregistrements est inspiré par les premiers enregistrements du label ESP : très global, les instruments formant un tout (à l'opposé des prises de son trop analytiques et quasi cliniques des studios numériques).
Lasserre, sans avoir vécu directement la révolution free des Sixties et Seventies (il est trop jeune), la considère comme un moment vital de l'histoire du jazz. Vital mais trop négligé selon ses goûts et désirs. En 1998, il rencontre Sylvain Guérineau à Uzeste (qui jouait ce soir-là avec Francis Marmande et Sunny Murray); Guérineau a "tout" vécu de ces grands moments libertaires. Entres autres Ornette Coleman et Albert Ayler à Paris et les débats violents qui s'ensuivirent au sein de la critique et des jazzmen. Déclic chez Lasserre : il décide de refonder une sorte d'Ayler Connection, non clonique, non revivaliste. Actuelle, sans nostalgie. Avec Sylvain, bien sûr qui n'avait jamais, semble-t-il, jusqu'ici, enregistré un "vrai" grand disque. Et Paul Rogers, monument du free anglais. Le jeu de Lasserre, batteur, est une belle synthèse personnelle de Murray (surtout) mais aussi d'Andrew Cyrille, Milford Graves, Rashied Ali... Musiciens qui n'ont actuellement quasiment pas (ou si peu) de "descendance". Energie, vibrations en continuum. Jeu tellurique, convulsif. Les deux disques en trio / quartette vont bien au delà de l'hommage appliqué à l'univers aylerien. Ce sont des groupes vivants, forts, déterminés. Les cd en témoignent. En solo absolu le clarinettiste Benjamin Bondonneau surprend souvent et révèle une personnalité aux potentialités fortes.
Etonnez-vous : commander des Amor fati. La liste des "soutiens" à ce micro-label montre clairement que les élites avant-gardistes du grand sud-ouest ont répondu présent. Bon signe, en tous cas on l'espère, pour l'avenir.
"Dont acte" : Didier Lasserre (dm), Sylvain Guérineau (as), Paul Rogers (b). 2002
"La dentelle des dents" : Benjamin Bondonneau (cl, perc), juillet 2003.
"Gravitation"  : Sébastien Capazza (ts), Lasserre (dm), Nicolas Talbot et Félix Baray (b), mai 2003.
Pierre-Henri Ardonceau

 

IMPROJAZZ

 

Improjazz n° 133, mars 2007 : "FREE UNFOLD TRIO"

Une maquette envoyée il y a un peu plus d'une année (et chroniquée dans la série des Démo's Club) m'avait mis l'eau à la bouche : "bel appétit, fluidité, empoignades rageuses" avais-je alors noté, terminant ma chronique en souhaitant qu'un producteur avisé tombe sur cette très prometteuse galette. Aujourd'hui que le trio publie Free Unfold Trio sur l'essentiel label Amor fati (peintures & conception graphique : Mathieu Immer et Patrick Veyssière), je ne peux que confirmer ce que j'écrivais alors et plus encore souligner l'écoute collective à l'oeuvre dans ce trio. Car ce qui est admirable ici, c'est la manière qu'ont Jobic Le Masson, Benjamin Duboc et Didier Lasserre de jouer sur une tension-intensité qu'ils tiennent , investissent et ne lâchent qu'en toute fin de course.
Ailleurs, la musique demande observation, relâche, détente. Rien de cela ici, puisque ensemble, ils oeuvrent dans une même unité, gardant à l'esprit le danger du trop-plein et des masses obscures. Et si de nouveau, je reste admiratif devant la confiance que tous les trois ont su admirablement établir, entretenir, cultiver (pas de relais brusque, tout se joue dans la fluidité), je n'ai aucun mal à imaginer les prochaines aventures (forcément admirables) de ce beau et intense trio.

Luc Bouquet.

 

chronique du concert duo à l'Office Artistique de la Région Aquitaine, dans le cadre du Bordeaux Jazz Festival A propos du duo Didier Lasserre/Benat Achiary : A l'origine d'un émouvant trio avec Sylvain Guérineau et Paul Rogers (Dont Acte, Amor Fati, chronique in Improjazz n° 102), voici plusieurs années qu'il poursuit un travail avec Beñat Achiary (voc). Associés au sein d'un quartet où l'on retrouve Benjamin Bondonneau et Daunik Lazro, ils s'adonnent aussi à la formule resserrée du face à face. Un bouche à oreille plus exactement, tant il est vrai qu'une écoute vibrante, tangible, unit des peaux qui parlent et une voix qui capte. Lasserre, penché derrière une grosse caisse à l'antique, la frappe à la main. Paume ou mailloche : la pédale remisée, l'esprit et la main sont en prise directe. Du texte lu, à plat sur la page, pulvérisé sur la plaque sensible de la vocalité, recueilli sur les peaux, les disques de cuivre bruissant comme un feuillage ; d'un contact, à peine un choc, un toucher, une onde se lève et réveille un son, un mot, un mot imagé dans le son, un poème. Avec une délicatesse extrême qui offre au silence, à l'attente, le premier rôle, avec un sens aigu de l'ellipse, une énergie féline, tout de souplesse et de retenue, mobilisée dans la captation des signes, tendue pour le bond mais recueillie dans une infinie patience, un monde s'ébruite. Parcouru du sens comme d'un frisson, du centre à la périphérie et retour, comme d'un arc électrique. La profondeur tient au creusement d'une surface continue, indivise, d'une oreille l'autre. A l'écoute de cette écoute, la salle elle-même résonne comme un cœur aux battements abolis, absorbés, réfléchis par cette chimère chantante, formant ensemble comme un unique tympan. Philippe Alen

Improjazz  103 – mars 2004 : La dentelle des dents – solo clarinette Bb - CD Fatum 003 Amor Fati, décembre 2003
Benjamin Bondonneau travaille seul, la clarinette de préférence, et différents accessoires, dont le tambourin, les toms, le papier alu. Son disque, tiré à 500 exemplaires (clin d’œil ?) rend tout d’abord hommage aux dents du crocodile. En fait, aux dents tout court, quoique son discours soit plus incisif que canin. Sa citation de Miguel Angel Asturias n’est pas innocente. Dans un domaine dominé par quelques grands fauves aux mâchoires élimées, il est bon d’entendre une nouvelle gueule, ouverte et menaçante, prête à dévorer tout ce qui n’arrive pas (ou plus) à évoluer. Que ceux qui ne sont pas remerciés dans ce disque (dont Improjazz) se méfient : peut-être viennent-ils de signer leur arrêt de mort (et conséquemment la chute des ventes de, respectivement, leur magazine favori et de leurs disques), car Benjamin Bondonneau pousse loin certaines limites de la clarinette - son expressivité et sa faculté à se faire entendre.
Ici, Bondonneau exprime haut et clair sa vision esthétique en incluant à la fois ses sentiments et une culture réaliste du monde dans lequel il navigue, sans compromis, sans retenue et sans a priori. Le message passe de manière naturelle, surprenante parfois, mais d’emblée ce disque sert de référence pour, d’une part l’instrument – la clarinette - ,d’autre part son utilisation et – d’une certaine façon – son habilitation ou réhabilitation si nécessaire (d’autres s’en sont déjà chargés, de Bechet à Tony Coe). Philippe RENAUD 

improjazz n°103 : chronique de disque : "gravitation" (Amor fati -  Fatum 002)
Vous connaissez ou avez certainement déjà ressenti cette impression de déjà-entendu avec un aspect novateur qui procure une bouffée d'intérêt. dans n'importe quel domaine d'ailleurs, ce n'est pas particulier à l'ouïe. La vision d'un tableau, d'images, la lecture d'un livre, l'approche tactile d'objet, la sensitivité, bref les cinq sens peuvent déclencher la même réaction. Dans un précédent numéro (102), je m'étais intéressé au premier disque du label Amor fati et j'avais été enthousiasmé par le trio composé de Sylvain Guérineau, de Paul Rogers et du batteur Didier Lasserre. Seul le troisième musicien apparaît sur le deuxième volume de la série. Serait-il partie prenante ? Peu importe, tant la démarche de ce quartet (oui, il y a quatre musiciens, dont deux contrebassistes, et sur trois morceaux, seul Nicolas Talbot intervient) correspond totalement à celle du label initié par dont acte.
Sébastien Capazza au sax ténor a remplacé l'altiste Guérineau, et n'aller pas en conclure qu'il a fallu deux contrebassistes (le second étant Félix Baray) pour remplacer le grand Paul. Mon admiration pour son jeu n'ira pas jusque là. Dans un autre sens, la force et la puissance de ces deux-là valent tout autant, à force de coller complètement à l'énergie du saxophoniste et à la frappe du batteur. La musique est collective, cela va de soi - mais ce fait n'est même pas mentionné sur la pochette tant il est naturel, et on pourrait juste reprocher ce manque d'informations. Mais peu importe : Amor fati développe un projet esthétique, c'est évident. La musique, le concept visuel sont magnifiques. Ils sont totalement inscrits dans l'air du monde que nous voulons défendre et propager : qualité, liberté, sérénité. Si tout le monde pouvait s'en tenir à ces trois critères... Philippe Renaud :  mars 2004

improjazz n°100 novembre-décembre 2003 : Chronique de concert
Capazza tient, à peu près seul par ici, le rôle de celui qui croit au free jazz au point de travailler comme un forcené. Cela s'entend (...) Elasticité, pression, une mécanique des fluides. Celle qui façonne les arbres sur les pentes. Il ferait bon que ce radeau coure le monde... Philippe Alen :

Improjazz n°108, septembre 2005
"Retenu de l'autre côté de la porte par la présentation d'Improjazz , nous ne pouvons que confirmer la puissance de conviction qui emporte le trio de Sébastien Capazza (ts), Félix Baray (b) et Didier Lasserre (dr) telle que la restitue Gravitation leur unique enregistrement à ce jour (Amor fati, fatum 002, chroniqué dans Improjazz, n°103, mars 2004). Ce qui, ce 11 novembre, passait les murs de la Halle des Chartrons, filtré par un double rideau de toile et de verre, laissait paraître à nu l'énergie ultime, percussive, insistante sur laquelle reposent - et que nourrissent - les longs planés de Capazza. Que le free jazz soit possible en 2004 à Bordeaux, sa possibilité se déduisant de sa réalité, voilà ce que l'on pouvait reconnaître, même à distance : un démenti infligé par le réel aux historicistes dogmatiques de l'avant-garde. Car si parfois l'on peut s'abuser dans l'arène même, le pouvoir captateur, la puissance centripète, l'adhésion que suscite une musique et ce qui en subsiste, franchis les murs et les toits, ne saurait généralement tromper." Philippe Alen

concert à la Maison des associations de Tarbes, concert organisé par Favorite Things Jazz Association, le 25 janvier 2002 A propos du trio Didier Lasserre/ Sylvain Guérineau/ Paul Rogers : « Incipit de ceux que Hölderlin nommait pur jailli à l’alto, tension extrême instantanément relayée par le contrebassiste et le batteur, et l’alchimie du concert devenait évidente. Guérineau était, visuellement aussi, la terre (sol et sous-sol…), l’élément tellurique, Rogers le feu et Lasserre l’air, l’oxygène avivant la combustion du trio. Avec les années, la phrase du saxophoniste est devenue plus âpre, dépouillée, harsh. Avec un acharnement qui est l’exacte conséquence musicale de son appel aux puissance du désir, sylvain Guérineau fragmente la pâte sonore, tranche, décapite, morcelle, démultiplie, ralentit, se recueille, exténue la note. Fade-out. » Antoine Martin

Improjazz 100 : Compte-rendu du concert donné à Montagne St Émilion en Octobre 2003
"[...] concert-dégustation pour fêter la sortie du premier enregistrement sous son nom (enfin !) du trio de Sylvain Guérineau, dans les chais du Château Croix Beauséjour, à Montagne Saint-Emilion le 4 octobre. Belle empoignade, "chacun à son affaire mais sans obstruction, partageant l'espace et le temps dans la même maison, sans recherche d'un consensus, anarchie en action et synergie rigoureuse" (critères d'excellence définis par Lê Quan Ninh). Dont acte, le disque du trio avec Paul Rogers et Didier Lasserre (label Amor Fati, Improjazz ne devrait pas tarder à le distribuer. Tirage limité : 500 exemplaires numérotés. Question : y en aura-t-il pour tout le monde ?) donne à entendre au dessert un poignant medley Le temps des cerises-Ghosts dont Sylvain Guérineau a le secret.(1)
1. Sylvain Guérineau aime à raconter qu'un saxophoniste très connu lui a confié : "Quand je ne sais plus quoi jouer, je fais du souffle continu". A tout prendre, je préfère le final Guérineau. On ne se refait pas. Antoine Martin

 

JOURNAL "SPIRIT"

"... pour qui sait ce dont cet homme des montagnes est capable, ce jeu du corps qui donne de la voix, ces accents qui puisent au cri primal (...), ce timbre sauvage qui trébuche sur les sons, bref ce chant qui cherche la confrontation, il trouvera en Didier Lasserre à qui parler. Un mano a mano qu'il a recherché. "J'avais d'abord entendu Didier avec son ami le saxophoniste Thomas Lachaize", confie Beñat Achiary. Je les avais invité à improviser durant le Errobiko festival, devant le tableau "Guernica" du peintre basque contemporain Zumeta. Avec une adhésion totale du public, et les danses du congolais Chrysogone Diangouaya et de la soliste Anne-Marie Reynaud, nous avons assisté à une improvisation exceptionnelle. J'avais l'intuition que Didier Lasserre était un batteur magnifique, et j'en ai eu la confirmation tout en découvrant un musicien d'une grande modestie. Il bat en profondeur, pas seulement les rythmes superficiels, et il est capable de finir au grand au grand souffle. Il reste fidèle au free-jazz où il s'est illustré, travaille sur le choc avec la matière, peaux et métaux et utilise la batterie comme un objet sonore qu'il transcende. Ce qui m'attire chez lui c'est la connexion de son jeu avec son corps. Nous partageons tous deux un même goût pour Andrew Cyrille, et Jimmy Lyons, ainsi que pour les voix de Jeanne Lee et d'Abbey Lincoln. Nous avons enregistré ensemble un disque qui paraîtra à l'occasion du concert bordelais à l'Office Artistique de la Région Aquitaine ("Hors ciel") avec un morceau dédié à Jimmy Lyons & Jeanne Lee. J'aime beaucoup la facilité avec laquelle nous pouvons nous élancer dans le temps, dans la musique, Didier et moi. Il est un partenaire fidèle et revigorant", conclut Beñat Achiary. A propos de la rencontre Lasserre - Achiary : entretien avec José Ruiz / "Spirit" / novembre 2004, à propos du Bordeaux Jazz Festival / Nov'art.

 

JOURNAL "SUD OUEST"

Sud Ouest - Gironde départementale, vendredi 12 janvier 2007, p. 20

Poésie beat et free music

Ce soir. De passage en Europe, le poète beat new-yorkais Steve Dalachinsky en profite pour monter sur quelques scènes en compagnie de ses amis improvisateurs français. Ce soir à Bordeaux, le co-organisateur du Vision Festival, rendez-vous essentiel de la free music, retrouvera ses accolytes du trio 3 Rocks and a sock, pour donner un concert dans la lignée du vrombissant CD « Merci de votre visite », enregistré au printemps dernier au Musée d'Aquitaine etpublié en décembre par le label bordelais Amor Fati. Le jazz rude de Didier Lasserre (batterie) et Sébastien Capazza (sax ténor) donne des accélérations dramatiques à la prosodie urbaine de l'enfant de Brooklyn et sublime ses histoires du bitume sous les étoiles.

3 Rocks and a sock, ce soir à 21 h, au Bokal (10 rue Buhan à Bordeaux). 6-8euros. CD disponible sur le site amorfati.com.fr et à la boutique Harmonia Mundi

Sud Ouest - Gironde départementale, mercredi 20 décembre 2006, p. 15 - Les trois trésors du musée d'Aquitaine

MUSIQUE IMPROVISÉE. Le label Amor Fati, associé au Bordeaux Jazz Festival, publie trois CD enregistrés live à Bordeaux

La première série des concerts enregistrements « Live au musée d'Aquitaine », organisée au printemps dernier par le label Amor Fati et le Bordeaux Jazz Festival, trouve aujourd'hui sa concrétisation dans trois CD d'une valeur musicale exceptionnelle, magnifiques sous leur livrée dorée. Ils répondent aux exigences constantes de la micromaison de disques gérée par le bordelais Mathieu Immer : le très grand soin apporté à l'équilibre et à la restitution des sons de chaque instrument, des tirages limités à 500 exemplaires mais dont chacun s'avère objet unique de par sa jaquette peinte à la main. Surtout, ils donnent à entendre l'épanouissement de trois formations inédites, ils témoignent de rencontres artistiquement fructueuses entre des musiciens évoluant dans la sphère des musiques improvisées, particulièrement souterraines au regard des canons de l'industrie phonographique.

À quelle nécessité répond le disque dès lors qu'il est question de musique d'improvisation libre, c'est-à-dire un art de l'immédiat et de l'éphémère, sans cesse renouvelé par la fulgurance des émotions ? Quitte à enregistrer, il faudrait tout enregistrer... sinon ne rien enregistrer. Au moins un CD garde-t-il une trace des quelques-unes de ces compositions spontanées consumées dans l'instant mais dont le mystère ne s'évanouit pas au fil des écoutes. Prenez Ronnie Lynn Patterson, Américain de Paris dans la « force de l'âge », une approche tout à fait originale du piano : « The Gernika Suite » ne constitue que son troisième enregistrement. Même constat pour Jobic Le Masson, un des très rares pianistes français à savoir s'aventurer dans le free. Tous deux affrontent les pires difficultés pour se produire, ils ont dit leur bonheur à la découverte de ces enregistrements bordelais qui constitueront également pour eux de belles cartes de visite. Ces trois disques aux musiques dissemblables forment un tout de par la présence du batteur Didier Lasserre dans chacun d'eux.

3 rocks & a sock (Dalachinski, Capazza, Lasserre), « Merci de votre visite »; Ronnie Lynn Patterson et Didier Lasserre, « The Gernika Suite »; Free Unfold Trio (Le Masson, Duboc, Lasserre). Ces disques sont en vente à la boutique Harmonia Mundi (rue des Remparts, à Bordeaux). Ils peuvent également être commandés sur le site amorfati.com.fr.
Illustration(s) : Philippe Méziat, Anne Sorlin et Mathieu Immer, à l'origine de ces trois enregistrements bordelais

Sud Ouest - Gironde, mercredi 20 décembre 2006, p. 15 - Live saison 2

Trois concerts La seconde saison des concerts enregistrements live au musée d'Aquitaine, produite par Amor Fati et le Bordeaux Jazz Festival, proposera le vendredi 9 février le duo Denise Laborde (voix/mandoline]

La seconde saison des concerts enregistrements live au musée d'Aquitaine, produite par Amor Fati et le Bordeaux Jazz Festival, proposera le vendredi 9 février le duo Denise Laborde (voix/mandoline) et Chris Martineau (violon alto/voix); le vendredi 23 mars, le trio de batteries Edward Perraud, Matthias Pontévia et Didier Lasserre; le vendredi 13 avril, le duo Paul Rodgers (contrebasse) et Beniat Achiary (voix).

Sud Ouest - Libournais Pays Foyen, vendredi 22 septembre 2006, p. 8 - Improvisations inspirées - Marilyn Charles Widcoq :

SAINT-EMILION Un duo musical qui décoiffe se produit ce soir en l'église monolithe

Un saxophoniste et un violoncelliste, Julie Laderach et Alphonso Loazano-Lopez, interpellent par l'originalité et l'évidence de leur complémentarité musicale. L'improvisation de leur musique est reine et se nourrit de l'air du temps. Leur registre, véritablement nouveau, est soutenu par l'association les Grandes Heures de Saint-Emilion. François Querre nous avait habitué à une musique plus classique et fait souffler un vent nouveau sur l'horizon musical quelque peu sclérosé de la cité.

La virtuosité des deux interprètes, leur utilisation de l'espace scénique, l'expression des corps, proche de la danse contemporaine, colle à l'image de leurs interprétations. « Double Faze » est le titre de leur premier CD publié par le label Bordelais Amor Fati.

Vendredi soir, 20 h 30. Concert et dégustation de vins de st Emilion, 26 euros. Réservations au 05.57.55.28 ou au 05.57.51.15.04.

Sud Ouest - Gironde départementale, jeudi 21 septembre 2006, p. 17 - DoubleFaze aux Grandes Heures

Demain Le duo DoubleFaze figurera dans les anales des Grandes Heures de Saint-Emilion comme le premier ensemble de musique contemporaine à être invité dans ce festival, classique et de haut vol. François Querré, l'organisateur de ces rendez-vous très prisés des mélomanes est tombé sous le charme du jeune duo à l'écoute du CD publié par le tout aussi jeune label bordelais Amor Fati (« DoubleFaze »).

Dans l'église monolithe de Saint-Emilion, Julie Läderach (vioncelle) et Alfonso Lozano-Lopez (saxophones) feront découvrir les jeux de dynamiques et de sonorités jumelles de leurs instruments, magnifiées dans des oeuvres de György Kurtàg le jeune, Tokuhide Niimi, Ernst Reijseger ou Eckhart Beinke, dont, pour certaines, DoubleFaze est dédicataire. Un solo de saxophone composé par Kurtàg père et un de violoncelle signé Simon Kastelnik complèteront un programme qui mettra également en lumière les talents d'improvisateur des deux jeunes musiciens.

Demain à 20 h 30, à l'église monolithe de Saint-Emilion. 26 euros, enfants 13euros. Suivi d'une dégustation. 05.57.55.28.28.

Sud Ouest - Gironde départementale, vendredi 12 mai 2006, p. 19 - Piano libre au musée

Jobic Le Masson. Après le piano en apesanteur de Ronnie Lynn Patterson, le Bordeaux Jazz Festival et le label Amor Fati proposent ce soir, avec le Free unfold trio, une formation haute énergie pour leur dernier concert-enregistrement de la saison.

Jobic Le Masson, diplomé de la Berklee school of music de Boston, est l'un des rares pianistes français à assumer un jeu free sans concession. Son style puissant, en cascade et grands écarts a su s'émanciper de la figure tutélaire de Cecil Taylor. Il fourmille de propositions et ne se contente pas de dévaster le paysage d'un flot ininterrompu de notes furibardes, un cliché trop longtemps collé au piano free. Pour partir dans ses explorations, Le Masson peut compter sur les fondations solides que creuse sans relâche la contrebasse tellurique de Benjamin Dubosc et rebondir sur les inspirations de la batterie rapide et fureteuse de Didier Lasserre.

Free unfold trio, concert enregistrement ce soir à 20 h 30 au Musée d'Aquitaine (20 cours Pasteur) à Bordeaux. 10 euros. 05.56.01.51.00

Sud Ouest - Gironde départementale, jeudi 13 avril 2006, p. 16 - Musique en apesanteur

CONCERT. Le pianiste Ronnie Lynn Patterson et le batteur Didier Lasserre rendent hommage à Morton Feldman demain soir au Musée d'Aquitaine à Bordeaux

La profusion serait plus musicale que la retenue. De même, la déclamation posséderait une plus grande valeur émotionnelle que la légèreté, l'agitation serait d'essence supérieure à l'immobilité. L'application de règles prévaudrait sur l'intuition. Le rejet de l'oeuvre du compositeur américain Morton Feldman (New York 1926, Buffalo 1987) par la plupart de ses pairs et sa terrible absence dans le paysage musical actuel tendraient à le faire croire. La musique de Morton Feldman, ami de John Cage, n'est pratiquement jamais jouée; l'un de ses rares interprètes, le pianiste Ronnie Lynn Patterson, la donnera à entendre dans une formule inédite, en compagnie du batteur Didier Lasserre, pour le deuxième concert-enregistrement coorganisé par le Bordeaux Jazz Festival et le label Amor Fati, demain soir au Musée d'Aquitaine de Bordeaux.

Un souffle. L'écriture parcimonieuse de Morton Feldman, par exemple dans « Palais de Mari » (1), offre à ses accords complexes tout l'espace nécessaire pour répandre leurs mystères ondoyant d'infimes variations, ces accords lâchés en apesanteur, libérés dans la plus intime discrétion et dont les enchaînements volontairement sommaires ouvrent sur une aventure intérieure en ce qu'ils sont débarrassés des artifices de toute évocation épique, étendus et fugaces parce qu'ils s'installent et déjà s'estompent, le silence remontant méthodiquement chaque corde d'acier pour en chasser jusqu'au dernier les tremblements de l'âme, épuisant ainsi sans faillir les énergies répandues dans tous les recoins du piano qui résonne encore un peu et c'est à ce moment-là - quand le néant a réduit les sons et seulement demeure le bourdonnement d'une basse finissant de se rétracter, imperceptiblement - que le pianiste libère un nouveau souffle de musique, toujours feutré, presque semblable au précédent et certainement à celui qui, plus tard, suivra sans que jamais le « tempo » ne s'accélère et le geste ne se brise, un souffle comme la respiration d'un paisible dormeur alors que la cassure harmonique de ces accords intranquilles pourrait en figurer les rêves.

« Hommage à Morton Feldman », Ronnie Lynn Patterson et Didier Lasserre, demain vendredi à 20 h 30 au Musée d'Aquitaine. 10 euros à la Fnac. 06.99.52.14.39.

(1) « Palais de Mari » de Morton Feldman (1986), par Ronnie Lynn Patterson. L'Empreinte digitale/Harmonia Mundi.

Sud Ouest - Magazine, dimanche 9 avril 2006, p. 7 - Live at the museum

C'est sous l'égide du Bordeaux Jazz Festival et du label discographique Amor Fati que trois concerts avec enregistrements sont proposés au public au cours de cette saison avec comme dénominateur commun la passion du jazz et le batteur improvisateur Didier Lasserre.La dernière séance se déroulera le vendredi 12 mai avec Jobic le Masson (piano), Benjamin Duboc (contrebasse) et le susdit (batterie). Entre-temps, ce vendredi 14 avril, Ronnie Lynn Patterson (piano) et Didier Lasserre encore rendront « Hommage à Morton Feldman », musicien qui définissait sa musique comme étant « à l'intérieur du silence ».

Deuxième Session vendredi 14 avril à 20 h 30. Troisième session le vendredi 12 mai à 20 h 30. Au Musée d'Aquitaine, 20, cours Pasteur à Bordeaux. 10 euros. 05.56.01.51.00.

Sud Ouest - Basque départementale, jeudi 30 décembre 2004, p. 20 - Musique sans frontières - Philippe Hemmert

BEÑAT ACHIARY. Le chanteur basque rentre d'une tournée en Algérie avec le choeur Amalur de Saint-Sébastien. Le début d'une nouvelle histoire

Beñat Achiary aime les horizons sans limites, les histoires humaines sans frontières, les liens nouveaux qu'on tisse loin de ses bases pour donner naissance à des complicités durables. Les graines d'amitié qu'il vient de semer, début décembre, de l'autre côté de la Méditerranée, ressemblent à ces livres d'images que le chanteur basque ouvre inlassablement sur le monde, en sachant que demain ils feront éclore une nouvelle page d'émotion.

Ce voyage inédit pour lui, le chanteur le doit à la convergence de plusieurs fidélités. L'intimité entretenue depuis deux ans avec le Diwan de Biskra, venu à l'époque des marches du désert algérien au festival d'Itxassou. Les relations étroites entretenues ensuite avec le choeur Amalur de Saint-Sébastien, et de son chef Eusebio Iraola. La confiance enfin de l'association bordelaise « Musiques de Nuit » qui oeuvre à la coopération culturelle entre l'Aquitaine et le continent africain.

Tout ceci a débouché sur deux concerts mémorables. Le premier à Alger, en la basilique Notre-Dame d'Afrique, située sur les hauteurs qui dominent Bab-el-Oued. Le second à Annaba, dans l'est du pays, dans le plus grand théâtre du pays. Deux soirées en compagnie d'Amalur, et, pour la seconde, du Diwan de Biskra, qui ne s'était encore jamais produit en ces lieux. « Ce furent des moments bouleversants, ils ont atteint une force et une dimension rares, tant ce pays est avide de contacts et nous amène à beaucoup réfléchir », dit l'artiste. « Compte tenu des liens que nous avons tissé sur place, il est sûr que nous y reviendrons ».

Plusieurs CD. Beñat Achiary boucle par ailleurs une année fertile en productions. Un disque solo, enregistré au festival des musiques improvisées de Wels en Autriche, vient de sortir chez Free Music Productions.

Un autre, en duo avec le percussionniste Didier Lasserre, et en hommage au poète François Cheng, est édité dans la collection Hors Ciel (pochette personnalisée et tirage limité à 500 exemplaires) produite par l'association d'artistes alternatifs de Bordeaux, Amor Fati. Pour 2005, le chanteur cultive plusieurs projets avec le trio qu'il compose depuis peu en compagnie de l'accordéoniste Philippe de Ezcurra et du batteur Ramon Lopez, dont notamment un nouveau CD.

Illustration(s) : Beñat Achiary. Le chanteur basque boucle une année fertile en travaux. PHOTO JEAN-DANIEL CHOPIN

Sud Ouest - Gironde départementale, mercredi 10 novembre 2004, p. 21 - Sons d'ici et de maintenant - Joël Raffier

BORDEAUX JAZZ FESTIVAL. Aujourd'hui, le concert du duo improvisateur Lasserre/Achiary au Molière coïncide avec la sortie du disque « Hors ciel »

En matière d'étiquettes, les musiciens sont servis... Free jazz la musique du percussionniste Didier Lasserre et du polyvocaliste Beñat Achiary ? « Moi, je veux bien que ce soit du jazz libre, la définition me va », assume Lasserre, batteur autodidacte bordelais qui joue par ailleurs avec une demi-douzaine de formations.

À l'écoute de « Hors ciel », CD paru chez Amor Fati et tiré à 500 exemplaires uniques peints par Jean Rougier, la liberté est indéniable pour ces improvisateurs qui s'engagent corps et âme dans concerts et projets. « Hors ciel », dédié au sinologue François Cheng, est hors normes. Enregistré dans l'appartement d'un copain, il vise, comme son titre l'indique, la sauvagerie du cosmos, le frisson de l'homme dans la farandole des quarks.

Mais comment présenter cette musique à un néophyte ? Comment l'encourager à se plonger dans cette expression chaotique du don total de soi qu'est l'improvisation ? Genre qui, aujourd'hui encore, représente un scandale pour nombres d'amateurs de jazz trente-cinq ans après les premiers défrisages de bourrichons d'Albert Ayler, d'Ornette Coleman et de Don Cherry... Didier Lasserre soupire, il connaît l'antienne, un seul conseil : « Écoutez... »

Aujourd'hui à 12 h 30 au Molière Scène-d'Aquitaine (rue du Temple), à Bordeaux. Entrée libre. Didier Lasserre jouera également, demain à 18 heures, à la halle des Chartrons, avec Sébastien Capazza (saxophone ténor) et Félix Baray (contrebasse). Illustration(s) : Achiary/Lasserre PHOTO DR

Sud-ouest, samedi 11 février 2006 "3 rocks & a sock" Le poète, petit homme grisonnant à la mine espiègle, noue pour rire une cravate au col de sa chemise de jeans bâillant. Et retire ses chaussures. Sur la table devant lui, Steve Dalachinsky a classé des textes, dactylographiés à même des versos de tracts publicitaires et de feuilles écornées, rassemblés en recueil, griffonnés en carnets. il ira en soutirer des instantanés de vies, ses histoires d'Amérique, ses dialogues, réflexions et descriptions pour former le long blues de ce continent inventé, blues poignant et parfois furieux qui tint en haleine le public copieusement assemblé dans une salle au sous-sol du musée d'Aquitaine.
Le sax ténor rauque de Sébastien Capazza, passant d'amples lamentations aux cris époumonés d'une douleur indicible, Didier Lasserre flanquant de ses maillets un drumming en apnée à la tension inouïe ont apporté une profondeur de champ lyrique au flux des phrases new yorkaises, parfaitement articulées et sans accent insurmontable mais dont la compréhension nécessitait tout de même une bonne connaissance de l'anglais.
Qu'importe, Steve Dalachinsky harangue et chuinte, tend le poing et travestit sa voix, énumère et vitupère, câline et badine, fredonne "God bless the child" entre deux poèmes. Il vit ses narrations et on l'écoute, emporté par les superbes accélérations lancées par les deux (autres) musiciens. Yves Champigny

Sud Ouest - Gironde départementale, jeudi 9 février 2006 “New York-Bordeaux poésie express” CONCERT ENREGISTREMENT. Le poète new-yorkais Steve Dalachinsky rencontre le sax ténor Sebastien Capazza et le batteur Didier Lasserre, demain soir au musée d'Aquitaine. Le succès reconnu de sa cinquième édition, en novembre dernier, permet au Bordeaux Jazz Festival d'élargir son rayon d'action dès ce mois de février. « En me lançant dans l'organisation du BJF, je n'avais pas l'idée de me cantonner à un rendez-vous annuel », reconnaît Philippe Méziat. « Mais jusqu'à présent, notre jeune festival n'avais pas les reins assez solide pour s'aventurer sur d'autres terrains. En cinq ans, nous avons acquis une vraie légitimité et, surtout, nos maigres finances nous permettent enfin de nous engager dans des actions autres sans mettre en péril le prochain BJF. » Narration palpitante. Pour ce nouvel engagement, le BJF s'associe au label bordelais Amor Fati, dédié à la publication de musique d'improvisation libre. La première extension s'étendra sur trois actes joués dans un même lieu (le musée d'Aquitaine) selon le même rite : chaque concert sera enregistré en vue de sa publication dans une série spéciale au sein du catalogue Amor Fati. Un personnage, le batteur Didier Lasserre, constituera le fil rouge de ce triptyque. Premier acte, demain soir, en partenariat avec l'association Permanences de la littérature : « 3 Rocks and a sock ». On y entendra la voix de Steve Dalachinsky, poète beat new yorkais légendaire au long flow citadin arpenter les rues pour se glisser dans les tunnels d'une et parfois bifurquer vers un gospel; le grain fiévreux d'un sax ténor poussé par le souffle lyrique de Sébastien Capazza; la batterie féline de Didier Lasserre mener des danses abruptes et gronder ses colères intuitives. Ce trio d'avant garde à la recherche d'émotions antiques a été entrevu l'an dernier dans un appartement bordelais à l'initiative de Musique ouverte. Le voilà désormais : rejoint par le bassiste Kent Carter et le chanteur Beniat Achiary, il était l'invité d'Anne Montaron, fin janvier, pour un enregistrement d'« A l'improviste », son émission sur France Culture. Le BJF et Amor Fati proposeront ensuite des rendez-vous avec les pianistes Ronnie Lynn Patterson (en duo le 14 avril) et Jobic Le Masson (en trio le 12 mai). Concert au musée d'Aquitaine (05.56.01.51.00), demain, à 20 h 30. Tarif unique : 10 euros (location Fnac). Lecture musicale Dalachinsky-Immer et discussion sur l'engagement artistique, lundi 13 (15 h 30) à l'amphi Lefebvre de l'université Bordeaux 3. Illustration(s) :« 3 Rocks and a sock ». Avec pour la musique Sébastien Capazza et Didier Lasserre. PHOTO D.R Yves Champigny

Sud Ouest - Gironde départementale, jeudi 9 février 2006, p. 22 “De l'art d'éditer la musique” Amor Fati. Vous désiriez simplement acquérir tel CD publié par Amor Fati et vous vous retrouvez face à une douce torture : quel exemplaire choisir ? Car dès l'état de projet, la toute jeune maison de disques bordelaise s'assignait la mission de créer des objets rares, au delà de la seule singularité de la musique sélectionnée par ses fondateurs. Le catalogue s'inscrit dans la mouvance de l'improvisation libre mais pas seulement : « DoubleFaze », première publication de l'année 2006, rassemble des oeuvres de compositeurs européens et d'un japonais écrites autour du couple violoncelle-saxophone. Lancée à partir d'une idée simple - enregistrer le travail de ses fondateurs, Mathieu Immer et Didier Lasserre, et de leurs amis, tels Benat Achiary et Benjamin Bondonneau - l'aventure Amor Fati s'est élargie à des artistes reconnus enthousiasmés par sa démarche, comme Daunik Lazro qui tenait à croiser son baryton à la clarinette de Bondonneau. Le label reçoit le soutien des ateliers de la Manutention qui accueillent régulièrement ses artistes en résidence et pour des concerts enregistrements. Attiré par la musique, vous voilà donc contraint de sélectionner une oeuvre d'art puisque chaque disque d'Amor Fati, avec sa pochette en carton kraft assemblée et peinte à la main, est unique. Numérotés de 1 à 500 et signés, les motifs de chaque exemplaire ont été exécutés, à ce jour, par Jean Rougier, Frank Muracciole-Plà et Benjamin Bandonneau. Les disques Amor Fati sont en vente à la boutique Harmonia mundi, rue des Remparts, à Bordeaux. www.amorfati.com.fr Yves CHAMPIGNY

Sud Ouest - Gironde départementale, vendredi 20 janvier 2006, p. 23 “Le carnet d'explorations de DoubleFaze” MUSIQUE CONTEMPORAINE. Concert samedi soir à la Manutention pour présenter le disque du jeune duo violoncelle-saxophone. Julie Läderach et Alfonso Lozano-Lopez se sont lancés en mars 2004 dans le projet DoubleFaze dont il viennent de poser une première balise sous la forme d'un magnifique CD publié par le label bordelais Amor Fati. Près de deux ans ont donc été nécessaires pour mener à bien la recherche, la mise en place et l'enregistrement de compositions dédiées au duo violoncelle-saxophone, singulièrement peu exploré dans la musique contemporaine. « Dès notre première rencontre autour d'une oeuvre de François Rossé, nous avons senti qu'il y avait à aller beaucoup plus loin », se rappelle Julie Läderach. A ce titre, « DoubleFaze » figurera comme le premier disque exclusivement consacré à l'oeuvre écrite pour ce couple d'instruments à l'évidence complémentaires. Les cinq compositions présentées ici, dont trois créations mondiales et une européenne, se rejoignent dans la mise en lumière de l'incontestable familiarité de timbre et de dynamiques qui unit le violoncelle, seigneur issu de l'époque baroque, au saxophone, enfant terrible (le jazz !) du XXe siècle. Avec les compositeurs. « La rencontre avec les compositeurs fut essentielle », affirme Julie Läderach. Une résidence au hameau de La Brousse (Charente) a ainsi permis aux deux anciens élèves de la classe de musique contemporaine de Marie-Bernadette Charrier au conservatoire de Bordeaux, de mener un travail de fond avec Volker Heyn. Personne n'avait réussi à interpréter son « Inzerzioni », écrite en 1997; lui même qualifiait cette « poésie bruitique » d'« injouable ». Volker Heyn base son travail, caractéristique de l'école de Darmstadt, sur les effets et les textures, un langage impossible à transcrire en notes, dessins ou mots. « Ces rencontres nous ont permis d'ouvrir notre jeu et notre réflexion, de changer nos gestes », se réjouit Alfonso. « Nous avons travaillé pendant un an avec György Kurtag Jr, pour écrire un morceau à partir d'improvisations. » Conçu sans montage ni réverbération, « DoubleFaze » présente une dominante calme faite de sons rèches en cohérence avec la musique. L'aventure continue, ne serait-ce que pour trouver le compositeur qui viendra bousculer la sérénité de l'actuel répertoire. Demain à 20 h 30, à la Manutention (rue de la Manutention, proche de la piscine Judaïque à Bordeaux) 05.56.93.84.27. Entrée 5 euros. www.amorfati.com.fr Illustration(s) : Julie Läderach et Alfonso Lozano-Lopez PHOTO DR Yves CHAMPIGNY

“Improvisation libre à la Manu” Concert-enregistrement La Manutention et le label Amor Fati proposent, ce soir, leur deuxième Manu concert avec un quintet de musique improvisée rassemblant trois maîtres - Beniat Achiary (chant -en seconde partie de soirée), Daunik Lazro (saxophone baryton), David Chiesa (contrebasse) - et deux fers de lance de la scène d'improvisation bordelaise - Benjamin Bondonneau (clarinette) et Didier Lasserre (batterie). Sans scène ni sono, sans chaise non plus, organisé dans le grand studio de danse de la Manutention, le Manu concert permet un contact des plus directs entre les musiciens et le public. Il constitue également le second temps d'un enregistrement destiné à être publié en CD par Amor Fati. La jeune maison de disque imaginée par Mathieu Immer et Didier Lasserre procède le plus souvent ainsi : une partie studio puis une partie live pour élargir le spectre des « compositions spontanées » des artistes qu'elle enregistre, avant de sélectionner celles qui figureront sur le disque. L'écoute de « la Dentelle des dents », le CD de clarinette solo enregistré par Benjamin Bondonneau, a donné à Daunik Lazro l'envie de travailler avec le Bordelais. A partir de là, la rencontre de ces cinq musiciens dans un ensemble au potentiel impressionnant semblait inéluctable. A découvrir ce soir. Ce soir à 21 h 30, à la Manutention, 13 rue de la Manutention. Bordeaux. 8 et 10 euros. 05.56.93.84.27.

journal sud-ouest : compte-rendu de concert - samedi 20 mars 2004 MUSIQUE. Dans un appartement, le basque Benat Achiary et le bordelais Didier Lasserre ont bouleversé leur public. ENTREZ DANS LA TRANSE "Vous connaissez Benat Achiary ?"  "Non."  "Je vous envie." La scène se passe dans un appartement de la rue de Bègles, samedi dernier. La scène se passe dans un appartement de la rue de Bègles, samedi dernier. Dans ce lieu de concert insolite, une soixantaine de personnes avaient fait le déplacement pour assister à l'enregistrement d'un duo inédit : Didier Lasserre et Benat Achiary. On ne présente plus Achiary, chanteur basque inclassable, qui promène depuis plus de trente ans son timbre de voix si particulier dans tout le Sud-Ouest. "Je suis un free-chanteur", s'amuse à se définir celui qui est issu de la grande tradition orale basque. A ses côtés, Didier Lasserre, batteur bordelais, adepte du free-jazz. Leur collaboration a débuté en 2001 au sein d'une formation de jazz. C'est de là qu'est venue cette idée de travailler en duo. "Tout s'est fait très naturellement, comme une évidence, raconte Achiary. La musique de Didier est très riche, il joue avec un rythme qu'on n'entend pas. Cela me convient parfaitement." Comme possédé. 20 heures. Après une première partie interprétée par Serge Creppy et Mathieu Immer, contrebassiste et propriétaire des lieux, le duo entre enfin en piste. Les premières notes fusent. En totale improvisation, comme d'habitude. "Avec l'impro je me sens moi-même, explique Didier Lasserre ; ça me rend libre et heureux. C'est très organique." La suite est étonnante. Assis à même la moquette, les spectateurs regardent Benat Achiary expulser des sonorités venues d'ailleurs, passer du murmure au hurlement. Son visage, son corps tout entier, semblent se tordre de douleur au rythme de sa mélodie. Comme s'il était possédé. "Je fais le vide autour de moi et je me laisse envahir par la force de la musique, confirme le chanteur basque. Dans ces moments-là personne ne peut m'arrêter, je pourrais m'envoler."
Dans l'assistance, les adeptes apprécient. Les non-connaisseurs, eux, restent bouleversés. "Cette musique est étrange, j'en ai eu des frissons, confie l'un d'entre eux. Je ne suis pas près d'oublier."Frédéric Brenon

Sud Ouest - Gironde départementale, samedi 13 mars 2004, p. 24 “Musique de l'intérieur” JAZZ. Batteur doué, Didier Lasserre et le chanteur Benat Achiary enregistrent un nouveau CD pour le label Amor Fati. Particularité : ça se passe en public dans un appartement. Depuis ses premières influences musicales, Coltrane, Ayler, Mingus, Murray, le batteur Didier Lasserre a été particulièrement touché par des musiciens avec lesquels il joue ou enregistre. Il mentionne aussi l'importance de la peinture. Et si ce trentenaire doué, a souvent travaillé en mêlant jazz et poésie, danse, ciné, c'est toujours dans le refus d'un simple accompagnement illustratif. - Quelle est votre histoire musicale ?
Didier Lasserre J'ai débuté à 16 ans, pour tenter de vivre autre chose; et l'impro en autodidacte, après une répétition filmée de l'orchestre de Mingus avec Eric Dolphy, puis entendu Coltrane avec Elvin Jones ou Rashied Ali à la batterie. J'ai eu la chance de jouer avec le saxo ténor Sébastien Capazza, puis avec Monologue Trio : l'aventure continue en quartet (cf. notre CD « Gravitation » (1)). En dix ans, j'ai eu du bonheur avec beaucoup d'improvisateurs, Sylvain Guérineau (saxo alto) et Paul Rogers (contrebasse), publiés sur le CD "Dont acte" (*); et maintenant en duo batterie-voix, avec Benat.

- Est-ce la première collaboration avec Achiary ?
Cela a débuté en septembre 2001, en trio avec le saxo Thomas Lachaize, puis en grande formation l'été dernier à Itxassou (64). En fait, ce duo avec Benat est une première, et comme toujours, nous allons improviser. Le public sera accueilli par les peintures de Jean Rougier. La soirée commencera avec le poète Serge Creppy en duo avec Mathieu Immer à la contrebasse. Et tout se finira autour d'un verre...

- Pourquoi un appart' ?
Il y a une volonté farouche d'autonomie, et de toute façon, quasi aucune salle prête à nous accueillir. Un appartement est aussi le cadre idéal pour que, simplement, les gens se rencontrent. Le public, les musiciens, les oeuvres, tout cela, nous l'espérons, dialoguera plus facilement.

- Comment fonctionne le label ?
Ce sera la quatrième référence de Amor Fati. Il diffuse des CD hors des réseaux traditionnels, avec l'ambition de faire dialoguer musique et autres formes d'expression : tirés à 500, ce sont des exemplaires uniques réalisés par des plasticiens. C'est une asso, et une aventure collective. Nous avons une distribution tant nationale qu'à l'étranger; à Bordeaux, à La machine à Lire, Lignerolles, Prima Musica, Total Heaven, La Mauvaise Réputation.

- Vous faites du « free jazz contemporain » ?
« Gravitation » et « Dont acte » s'inscrivent dans un mouvement né dans les années 60, mais cela reste une étiquette, et le label ne se focalise pas sur un style, mais rend compte de rencontres. Les réseaux constitués et institutionnels m'importent peu : je constate que beaucoup restent dans l'ombre, mais que les choses se font, quoi qu'il en soit !

Concert Lasserre/Achiary, aujourd'hui à 19 h précises (portes closes ensuite), au 32 rue de Bègles, à Bordeaux; réservation obligatoire au 06.10.08.49.03. 10 euros

(1) Amor Fati, 05.56.94.62.96, www.amorfati.com.fr et http://didierlasserre.free.fr

Didier Lasserre : « je m'attache plus aux individus qu'aux catégories... »

Recueillis par Patrick Scarzello

 

 

 

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